À la veille du dépôt d’un projet de loi concernant la modernisation du secteur de la construction, promis à l’automne par le ministre du Travail, Jean Boulet, l’Association de la construction du Québec (ACQ) dévoile aujourd’hui les conclusions marquantes d’une étude inédite réalisée en partenariat avec la firme d’économistes, AppEco. Cette recherche met en lumière la possibilité de générer d’importantes économies de temps dans le secteur de la construction. Selon les résultats, une plus grande polyvalence dans l’exercice des métiers de la construction permettrait au Québec de récupérer près de 1 heure travaillée sur 10 dans ce secteur. Au cours des dernières années, la demande soutenue en infrastructures a donné des ailes au secteur de la construction, et, par le fait même, a entraîné une hausse significative du nombre d’emplois. Cependant, la productivité de l’industrie est demeurée en deçà des aspirations et présentait même un recul de 13 % avec l’Ontario en 2021. L’étude, dévoilée aujourd’hui, met en lumière plusieurs facteurs clés qui influencent ce retard et révèle une solution porteuse : l’intégration d’une notion d’efficience au cœur de la pratique des métiers de la construction. Dans l’enquête menée par la firme AppEco, plus d’une centaine d’entrepreneurs, tous secteurs confondus, ont été sondés pour évaluer combien d’heures ils pourraient récupérer avec une plus grande polyvalence dans les métiers. La définition d’accroissement de la polyvalence y a été définie comme étant la possibilité d’effectuer certaines tâches qui ne sont pas spécifiquement incluses dans la définition du métier concerné, mais être liées avec l’exercice même du métier, être effectuées dans la même séquence de travail, qui n’engendreront pas d’impact significatif sur la santé et la sécurité des travailleurs ou du public et doivent être effectuées de manière sporadique et ponctuelle. Sans grande surprise, l’étude a démontré qu’un assouplissement dans les métiers permettrait des économies potentielles de près d’une heure sur 10 des heures travaillées dans le secteur de la construction au Québec, tout en offrant une polyvalence accrue dans ce secteur. « Cette proposition pourrait avoir un impact significatif sur la productivité dans notre industrie. Sans faire disparaître un seul des métiers actuels, l’étude démontre que nous aurions la capacité d’en faire plus. Ces gains potentiels de près de 10 % sur les heures travaillées pourraient faire économiser plus d’un milliard de dollars aux Québécoises et Québécois », affirme Jean-François Arbour, ing., président de l’ACQ.
Libérer le potentiel économique du Québec : Une mobilité accrue pour une productivité accrue
Parallèlement, l’ACQ soutient que le Québec pourrait économiser davantage en permettant aux travailleurs de la construction d’œuvrer dans n’importe quelles régions. Le contexte réglementaire et législatif actuel limite les travailleurs dans leur déplacement et les entrepreneurs dans leurs capacités d’embauches pour effectuer des travaux à l’extérieur de la région où ils résident. Comme le stipule Marcel Boyer, éminent économiste québécois, dans une étude rendue publique en 2018 : « la réglementation québécoise limitant la mobilité des travailleurs de la construction est aujourd’hui un frein au développement économique des régions et du Québec tout entiers. » Ces mots soulèvent la nécessité de repenser notre approche pour dynamiser l’économie et favoriser une croissance soutenue pour toutes les parties prenantes. « En levant les barrières de la mobilité de la main-d’œuvre, on pourrait stimuler l’innovation, encourager une saine concurrence, et favoriser un meilleur appariement entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Ceci aurait pour effet de contribuer à rehausser la productivité du secteur de la construction, et ce, dans toutes les régions du Québec », mentionne M. Arbour. « Pour l’ACQ, il est crucial de permettre aux travailleurs de résider où ils le souhaitent et aux employeurs d’embaucher qui ils souhaitent sans égard du lieu de résidence du travailleur. Nous sommes convaincus qu’une ouverture législative de l’efficience dans l’exercice des métiers et pour permettre la mobilité des travailleurs pourrait non seulement renforcer la productivité de notre industrie, mais ces mesures auraient également des effets positifs et durables pour l’économie du Québec », souligne le président de l’ACQ.
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